Issu d’une famille de dix-huit enfants, Louis-Marie Grignion est né en Bretagne, en 1673, à Montfort-la-Cane dans l’actuel département d’Ille-et-Vilaine. Ses parents avaient perdu peu de temps avant leur premier enfant, mort à cinq mois. Louis était donc l’aîné de la très nombreuse famille composée en tout de huit garçons et de dix filles. Son père, avocat au bailliage de Montfort, exerce une profession qui ne lui procure pas assez de ressources pour son foyer. Il s’installa donc à la campagne, où les produits des terres aideront toute la maisonnée à vivre.
Louis naquit dans un foyer chrétien, et dès le lendemain de sa naissance, on le porta à l’église Saint-Jean, où on le baptême le fit devenir fils de Dieu. Il gardera de la vie en pleine campagne l’amour de la nature et de la solitude où l’on trouve plus facilement le Seigneur que dans l’animation des villes. C’est son père qui lui donna, semble-t-il, les premiers éléments d’instruction. Louis-Marie fait vœu de pauvreté en quittant Rennes pour Paris. Il est ordonné prêtre en 1700, et se consacre à la prédication dans des missions rurales qui s’organisent, alors, dans l’Ouest et le Centre de la France. Il prêche à Nantes et dans les communes alentour, notamment à Poitiers . Il réorganise l’hôpital de cette ville et en est nommé aumônier.
Il fonde en 1703, avec Marie-Louise Trichet, une congrégation féminine, hospitalière à l’origine, les Filles de la Sagesse, qui étend très vite son activité à l’enseignement.
Le 6 juin 1706, il rencontre le pape Clément XI dans l’espoir d’être envoyé en mission loin de la France,
mais le pape lui demande de rester en France avec le titre de missionnaire apostolique. Il rentre en France, se rend à Notre-Dame des Ardilliers à Saumur, puis au Mont Saint-Michel et commence ensuite son apostolat des missions. Jusqu’à sa mort, en dix ans, Montfort prêche dans une dizaine de diocèses, depuis Saint-Brieuc jusqu’à Saintes et de Nantes à Rouen. En 1712, il rédige à La Rochelle son ouvrage le plus connu et le plus important : le Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge.
Très vite, après son ordination, il désire réunir, au sein d’une Compagnie de Marie, des prêtres et des catéchistes, dûment formés. À sa mort, il n’a que deux collaborateurs : le père Mulot et le père Vatel formé dans le séminaire de Claude Poullart des Places, son ami de jeunesse. Après sa mort, ce noyau se développe en deux directions : la Compagnie de Marie, congrégation religieuse de missionnaires ruraux (Pères montfortains) et la congrégation des Frères du Saint-Esprit, devenue les Frères de Saint-Gabriel , qui se donne pour mission d’offrir une éducation chrétienne aux enfants et aux jeunes.
Lors d’une mission paroissiale, il meurt à 43 ans, épuisé par la fatigue et les pénitences, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (en Vendée) où son corps repose. Son dernier sermon a pour thème la douceur de Jésus et ses derniers mots sont les suivants : « Allons, mes bons amis, allons en paradis. Quoiqu’on gagne en ces lieux, le paradis vaut mieux« .
Louis-Marie Grignion de Montfort : Béatifié en 1888 par Léon XIII, il est canonisé en 1947 par Pie XII.
Consécration de soi-même à Jésus-Christ la Sagesse incarnée par les mains de Marie.
O Sagesse éternelle et incarnée, ô très aimable et adorable Jésus, vrai Dieu et homme, fils unique du Père éternel et de Marie toujours vierge, je vous adore profondément dans le sein et les splendeurs de votre Père, pendant l’éternité ; dans le sein virginal de Marie votre très digne Mère, dans le temps de votre incarnation.
Je vous rends grâces de ce que vous vous êtes anéanti vous-même en prenant la forme d’un esclave, pour me tirer du cruel esclavage du démon. Je vous loue et glorifie de ce que vous avez bien voulu vous soumettre à Marie votre sainte Mère, en toutes choses, afin de me rendre par elle votre fidèle esclave. Mais, hélas ! ingrat et infidèle que je suis, je ne vous ai pas gardé les promesses que je vous ai si solennellement faites dans mon baptême ; je n’ai point rempli mes obligations ; je ne mérite pas d’être appelé votre enfant ni votre esclave ; et comme il n’y a rien en moi qui ne mérite vos rebuts et votre colère, je n’ose plus par moi-même approcher de votre très sainte et auguste majesté. C’est pourquoi j’ai recours à l’intercession de votre très sainte Mère que vous m’avez donnée pour médiatrice auprès de vous ; et c’est par son moyen que j’espère obtenir de vous la contrition et le pardon de mes péchés, l’acquisition et la conservation de la sagesse.
Je vous salue donc, ô Marie immaculée, tabernacle vivant de la divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes ; je vous salue, ô reine du ciel et de la terre, à l’empire de qui est soumis tout ce qui est au-dessous de Dieu.
Je vous salue, ô refuge assuré des pécheurs, dont la miséricorde ne manque à personne ; exaucez les désirs que j’ai de la divine sagesse, et recevez pour cela les voeux et les offres que ma bassesse vous présente. Moi N…, pécheur infidèle, je renouvelle et ratifie aujourd’hui entre vos mains les voeux de mon baptême ; je renonce pour jamais à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres, et je me donne tout entier à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie, et afin que je lui sois plus fidèle que je n’ai été jusqu’ici.
Je vous choisis aujourd’hui en présence de toute la cour céleste pour ma Mère et Maîtresse ; je vous livre et consacre, en qualité d’esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité.
Recevez, ô Vierge bénigne, cette petite offrande de mon esclavage en l’honneur et union de la soumission que la Sagesse éternelle a bien voulu avoir à votre maternité ; en hommage de la puissance que vous avez tous deux sur ce petit vermisseau et ce misérable pécheur ; en action de grâces des privilèges dont la sainte Trinité vous a favorisée. Je proteste que je veux désormais comme votre véritable esclave, chercher votre honneur et vous obéir en toutes choses.
O Mère admirable, présentez-moi à votre cher Fils en qualité d’esclave éternel, afin que m’ayant racheté par vous il me reçoive par vous.
O Mère de miséricorde, faites-moi la grâce d’obtenir la vraie sagesse de Dieu, et de me mettre pour cela au nombre de ceux que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.
O Vierge fidèle, rendez-moi en toutes choses un si parfait disciple, imitateur, et esclave de la Sagesse incarnée, Jésus-Christ votre Fils, que j’arrive, par votre intercession, à votre exemple, à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans les cieux.
Ainsi soit-il.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort